mercredi 7 juillet 2010

PRENDRE CONSCIENCE DE LA PLOUTOCRATIE ET LUTTER CONTRE ELLE.

MAIN CREATRICE

MAINS PREDATRICES


Tout le monde s'émeut des scandales politico-financiers du moment. Mais personne ne prête plus attention aux orientations politiques c'est-à-dire à un idéal collectif. Quand on choisit de mettre au pouvoir des partis qui estiment qu'il faut protéger les soi-disant "créateurs de richesse " en leur offrant un bouclier fiscal et quand on vote pour un slogan du type travailler plus pour gagner plus, il ne sert à rien de se scandaliser que les plus riches soutiennent et récompensent de leurs deniers ceux qui mènent une telle politique. D'ailleurs s'il s'avère que toutes les transactions qui font scandale sont légales, n'est-ce pas encore plus frappant pour montrer que notre démocratie et donc qu'une majorité du peuple reste fascinée par les possédants et le désir de la possession de l'argent ?

La ploutocratie est le pouvoir des riches et non pas malheureusement de ceux qui expriment des forces créatrices car nos riches et nos désirs de richesses ressortent pour la plupart de la prédation et non de la création. Les riches ont par le passé créé des richesses même s'ils ont souvent exploité des gens pour y parvenir mais aujourd'hui ils nous privent des richesses auxquelles ont contribué pourtant de nombreux ouvriers et employés : ils ne contribuent plus à la solidarité national, ils délocalisent leurs productions dans des lieux où ils pourront plus facilement exploiter des employés et des ouvriers, les rares emplois qu'ils laissent ici ils les monnaient auprès de nos Etats qui ainsi endettés sacrifient les aides sociales, assurent de moins en moins des soins de qualité.
Nous restons ici en démocratie, personne jusqu'à présent ne m'empêche en France de m'exprimer. Notre ploutocratie s'appuie donc surtout et essentiellement sur le pouvoir de fascination qu'exerce l'idée de la possession de l'argent. Cette idée de possession de l'argent nous renvoie à la prédation animale que notre espèce n'a pas su encore dépasser. La loi de la jungle où la loi du plus fort et donc du plus adapté règne reste dominante dans notre vie économique. Les racailles de banlieue ont des raisonnements pauvres en vocabulaire et en concept mais finalement similaires aux chantres de l'ultralibéralisme qui nous promettent de nous débarrasser de la racaille sans voir qu'elle a la même provenance idéologique et psychologique.

Servir l'idée de possession de l'argent n'est donc même pas servir un authentique enrichissement. L'argent n'a guère de pouvoir pour préserver directement la vie et malheureusement la prédation financière contrairement à la prédation animale peut contribuer à rendre notre monde infertile et désertique en cherchant un profit au détriment de la vie :

Le monde animal ne s'enrichit pas car il ne peut pas changer en conscience son rapport au milieu matériel : son comportement est régulé par des instincts que seule l'évolution biologique peut modifier. L'idéologie de l'argent roi véhicule quelque chose d'animal sans que son comportement soit régulé : c'est précisément une cause de bestialité destructrice.

Qu'est-ce que s'enrichir vraiment ?
Tout ce que j'ai est impermanent, je l'ai eu, je le perdrai. Pour avoir, il me faut un corps, j'ai un corps et je le perdrai ainsi ce que ce corps avait permis de revendiquer comme étant mien.

Mais qui je suis vraiment vraiment ne peut pas m'être enlevé. Cette pauvreté qui consiste à être est la condition nécessaire de toute forme d'enrichissement.

Entre l'être et l'avoir, il y a l'acte créateur. Si un de mes textes disparaît, je peux moi ou quelqu'un d'autre retrouver la fibre créatrice qui l'a amené à se manifester. Ce qui est la source du créé peut le ressusciter, certes dans une nouvelle forme mais il pourra faire revenir quelque chose de la forme disparue dans une forme peut-être plus accomplie.

La source de l'acte créateur est donc la véritable source de l'enrichissement.

Au-delà des scandales qui scandalisent souvent ceux qui sont frustrés de ne pas avoir accès à la possibilité de gagner de l'argent sans créer et qui permettent à d'autres d'en tirer profit, il s'agit de se battre au niveau des valeurs pour asservir le pouvoir financier au service de l'acte créateur et de l'abandon à la simple conscience d'être d'où il surgit.


jeudi 1 juillet 2010

LE DEBUT DE L'AVENTURE DE LA CONSCIENCE.


Sri Aurobindo et Mère nous disent bien que ce dont ils parlent commence au-delà de ce que Ramana Maharishi a réalisé. Mais encore faut-il bien s'y éveiller et s'y réaliser !

Ramana Maharshi précise ce qu'il a réalisé : "L'écran d'un cinéma ne ressent rien, et a donc besoin d'un spectateur qui prenne conscience du spectacle. Mais l'écran du Soi est différent; il comprend le spectateur et le spectacle, ou plus exactement il est en soi plein de lumière. Sur l'écran, les images ne peuvent être perçues que si la salle est plongée dans l'obscurité. Ainsi le mental ne peut-il projeter ses idées et ses images que dans l'obscurité de son ignorance fondamentale (avidya). Le Soi est pure connaissance, pure lumière, dépourvue de toute dualité. La dualité implique l'ignorance. La connaissance véritable du Soi se tient au-delà de la connaissance-ignorance. De même, la lumière du Soi est au-delà de la lumière ordinaire et de l'ombre. Car le Soi est tout seul."

Ceci nous approche de ce que nous invite à constater Douglas Edison Harding :

En effet le monde tel que je le perçois et non tel que je le pense apparaît comme sur un écran au-dessus des épaules d'un corps manifestement sans tête. Cet écran comprend simultanément le spectateur et le spectacle. Le spectateur n'est pas localisé dans une tête ou où que ce soit puisqu'il s'étend partout bien loin du corps qu'il surplombe. Si perçois la conscience où tout apparaît, alors mon individualité devient juste une apparence mentale. Je ne peux plus m'identifier à cette apparence mentale en la dotant d'une tête, je ne peux plus la loger dans un corps à partir duquel je pourrais la différencier des autres apparences. Je suis l'écran où paraissent les apparences, je suis les apparences sans aucune hiérarchie possible ou valorisation d'un ensemble d'apparence par rapport à d'autres. Je suis la lumière transparente où surgissent les apparences colorées mais aussi qui les fait surgir. De même je suis le silence où surgissent les sons et qui les fait être. De même je suis l'absence de sensation où surgissent des sensations et qui les fait être. Etc. Je suis au-delà du mental d'où surgit les processus mentaux. Je ne suis plus ce processus mental qui me faisait penser être un individu séparé du monde et des autres.

Proche de Douglas Harding, il dit : " L' aspect des choses varie selon le point de vue de la personne. La vue émane de l'oeil. Et l'oeil doit se situer quelque part. Si vous voyez avec les yeux de la matière, le monde aura la même nature. Si vous regardez avec les yeux subtils (ceux de l'esprit), le monde apparaîtra subtil. Et si votre oeil devient le Soi, le Soi étant infini, l'oeil sera infini."

Cessant d'être identifié à un processus mental me donnant l'illusion de n'être qu'un individu, au lieu de désirer n'être que tel individu désirant tel et tel objet, je deviens avant tout le désir de ce que je suis vraiment qui se désire en tout ce qui apparaît : les désirs jusque là seulement individuels s'intègrent en l'unique désir d'être vraiment qui je suis au-delà du processus mental. Qui Je suis vraiment dès lors qu'il s'aperçoit lui-même est libre des désirs individuels même si ces désirs individuels (en tant que préférences individuelles) demeurent encore non parfaitement intégrés au désir de qui je suis vraiment. Ceci permet alors de comprendre cette affirmation de Ramana Maharshi : " Le cœur est l 'unique vérité. L'esprit n'est qu'une étape... " Dans le contexte de l'approche de Douglas Harding, voir l'absence de tête est l'étape de l'esprit, il faut que qui je suis vraiment désire se reconnaître en l'esprit pour que germe le coeur et l'amour qui en jaillit. Prendre au sérieux l'absence de tête comme étant l'esprit suppose alors cette réintégration des désirs individuels au désir sans objet de qui je suis vraiment.
Ce symbole de Jacob Boehme me parle bien de cette transformation subtile. L'esprit ici symbolisé par l'oeil libère le feu du coeur qui s'ancre dans le divin au-delà du connu et des voiles d'inconnaissance dont il s'entoure mais aussi qui lui permet de s'enraciner et donc de s'incarner plus intégralement.

Pour Sri Aurobindo et Mère, le quelqu'un qui réalise cela n'est pas personne, c'est l'âme, non pas la "petite personnalité frontale"avec qui on la confond souvent, mais l'être psychique authentique, "le fils du ciel par le corps de la terre" (Rig-Véda III.25.1)

Dans le langage chrétien de la tradition issue de Maître Eckhart, on parlerait de l'étincelle de l'âme qui est Dieu en nous, individualisation divine veillant à notre individualisation personnelle. Par elle, nous sommes unis à l'individualisation divine (Le Fils) autant qu'à sa transcendance (Le Père) et qu'à son immanence (Le saint Esprit). Ainsi là où l'individu égocentrique demeure séparé de la réalité divine, nous intégrons l'individualité comme l'oeuvre de l'évolution divine et non plus seulement d'une évolution de la nature.

Nous commençons dès lors à entrevoir que l'évolution divine et l'évolution de la nature sont liées l'une à l'autre et que la lumière des étincelles de nos âmes qui y communient occupent surement une position privilégiée dans ce processus de divinisation.