mercredi 31 août 2011

NE PAS LAISSER LA LUMIERE SOUS LE BOISSEAU.


Saint Marc 4, 21-25

Jésus disait encore à ses disciples cette parabole : « Est-ce que la lampe vient pour être mise sous le boisseau ou sous le lit ? N’est-ce pas pour être mise sur le lampadaire ? Car rien n’est caché, sinon pour être manifesté ; rien n’a été gardé secret, sinon pour venir au grand jour. Si quelqu’un a des oreilles pour entendre, qu’il entende ! » Il leur disait encore : « Faites attention à ce que vous entendez ! La mesure dont vous vous servez servira aussi pour vous, et vous aurez encore plus. Car celui qui a recevra encore ; mais celui qui n’a rien se fera enlever même ce qu’il a. »
Commentaire :
Quand la lumière de la conscience pure a été vue, elle est encore comme une lampe encore tenue par l'ego. Autrement dit lors de son réveil, la conscience pure dépend fortement de l'ego qui la porte. Celui-ci peut encore cacher cette lumière parce qu'il s'imagine qu'elle lui appartient. Il a peur aussi de détenir un tel trésor et n'ose pas l'exposer aux autres. Il craint qu'on s'en prenne à lui car il sait lui-même combien cette lumière est aveuglante et insupportable pour ses zones d'ombre. La timidité de l'ego qui veut cacher sa véritable nature qu'il a vu se révéler est une forme d'orgueil. Il veut manipuler et porter cette lumière selon son bon vouloir : le porteur de lumière qu'il est est au sens strict un Lucifer (Lux=Lumière; ferre=porter). Celui qui s'éveille ne doit rendre discret son éveil. Il ne s'agit pas d'aller clamer par des mots qu'il est là mais de le laisser briller en présence de soi et des autres comme il le souhaite. Car il y a une première forme d'étouffement de l'éveil qui a plutôt lieu en lien à notre intimité et une autre forme qui a plutôt lieu en lien à la présence des autres. Cette seconde forme n'est pas exactement luciférienne, elle est plutôt liée à un manque de foi en la lumière divine vis-à-vis du poids du jugement social. Car il faut bien en prendre conscience nous sommes dominés par l'intériorisation d'un monde de jugements que nous subissons plus encore que nous y participons.
L'ego doit donc laisser cette lumière sur le lampadaire. Cette lumière ne lui appartient pas: sur le lampadaire elle brille pour tous, elle commence à faire son œuvre à sa façon sans que l'ego n'y puisse rien. Car à vrai dire le geste même de poser la lampe sur le lampadaire ne vient pas de l'ego mais d'un principe de révélation du divin et de la vérité dans l'univers. L'ego devra assumer que cette lumière brillant à travers lui heurte le jugement des autres, il devra accepter de se libérer de ce monde du jugement quitte à en subir des tribulations. Il voudra laisser ce témoin lumineux sur le lampadaire briller comme il l'entend sur le monde. Il sera prêt à offrir sa vie pour cette lumière. 



Où est ce lampadaire ? C'est la coupe du cœur. La lampe se tiendra en haut tandis que l'ego se laissera aller en bas de cette coupe. Alors il sera immanquablement éclairé dans ses ombres et purifié.
Ici le texte change passant du sens de la vue à celui de l'audition. Est-ce un collage maladroit du rédacteur ou y a-t-il un enseignement ? Supposons qu'il s'agisse du même enseignement. C'est la lumière présente dans le Christ et qui s'exprime à travers ses paroles qu'il s'agit de reconnaître par l'audition. Si je ne suis pas pure écoute de ces paroles c'est qu'il y a soit une distraction, soit une interprétation soit voire un jugement qui s'interpose et empêche la pure écoute. L'attention véritable est donc une pure écoute dans le silence. A vrai dire le verbe et la lumière renvoient à une seule conscience dans laquelle tous les apports des sens apparaissent. L'attention est la présence à ce qui forme la condition de possibilité de l'apparition des formes existantes : lumière et verbe.
Ceci nous renvoie à une forme d'intensification de la présence de la lumière par l'écoute du verbe et d'une meilleure écoute du verbe par la concentration de la lumière
Pour nous lecteur, le Christ propose l'expérience de l'écoute du verbe, de la lectio divina plus accessible que la lumière. Mais il s'agit bien de découvrir un point de passage de l'écoute du verbe à la prise de conscience de la lumière invisible pour l'instant mais qui brille en nous.
"La mesure dont vous vous servirait servira pour vous". Ici il n'est pas seulement question de nos critères de jugement qui serviraient à nous juger. D'ailleurs nous avons plutôt suggéré qu'écouter purement consiste à ne plus juger mais à se laisser imprégner et agir à même le verbe. Dans l'écoute pure, il n'y a pas de distance entre ce qui est dit et ce qui écoute. Ce qui est dit se fait écouter sans effort si je ne perturbe pas l'écoute. Voilà donc la mesure : laisser le verbe se faire écouter sans perturber cette écoute puisque il n'y a que par notre absence de perturbation que nous pouvons y contribuer. Appliquons-nous cette mesure dans le domaine de la vision : faisons le pari de nous laisser nous voir par la lumière divine sans la perturber. Nous passons dès lors de la lectio divina à l'oraison. 

Mettons nous devant la transparence invisible dans laquelle nous apparaissons comme une pensée-sentiment de nous-même. Renonçons à la perturber en s'agitant comme pensée-sentiment se pensant et se sentant comme nous avons appris à écouter en silence sans rien commenter à côté ou du moins en relativisant le commentaire. Faisant le pari que la lumière se tient cachée dans cette transparence où d'habitude nous faisons notre lit en la recouvrant de notre pensée-sentiment. Laissons en cette transparence sur le lampadaire se révéler la lumière divine. Nous verrons d'abord qu'elle se reflète sur nous. Elle se révélera à même la pensée-sentiment de nous-même comme l'écoute se faisait à même le verbe sans distance. Cette Lumière est de la joie débordante. Comme si la coupe de notre esprit resplendissait dans la scorie déposée tout en bas que nous sommes.

mardi 30 août 2011

DEPASSER LES "ISMES" SANS TRAHIR L'AME.

Capitalisme et communisme, est-ce blanc bonnet et bonnet blanc ? Ne sommes-nous pas prisonnier de tous les "ismes" ? Toutefois le rejet un peu rapide des "ismes" signifie souvent le rejet de la raison. Or la raison comme dit Mère est le super-instinct de l'homme qui l'empêche de sombrer dans la perversion. Ainsi le dogme "Tu ne tueras pas" peut être utile. Politiquement quel est le régime politique qui permet l'expression de la raison ? A vrai dire ce sera celui qui permet un espace de dialogue rationnel. Donc si on veut bien l'admettre ce sera une forme de démocratie. En fait le capitalisme se moque de la démocratie dont il a su très bien se passer dans divers régimes fascistes ou dont il se passe relativement bien en Chine.

Et si on veut bien voir où nous mènerait une démocratie fondée sur le dialogue rationnelle et non comme aujourd'hui sur la rhétorique électoraliste à coup de slogan publicitaire (le dernier soubresaut de l'idéologie), c'est à la relativisation de tous les dogmes de la raison.

Car si certains dogmes sont plus pertinents, certaines valeurs sont plus dans le flux évolutif que d'autres, à chaque fois, ce sont des cristallisations du flux toujours en retard sur le flux évolutif lui-même. Du point de vue de l'âme, notre authentique réalité psychique, comment pourrait-il y avoir des dogmes même moral ? Du point de vue psychique et intuitif, le mental et le ressenti émotionnel ne sont plus que des expressions de courant de conscience plus ou moins au service du flux évolutif. 

Un rejet des "ismes" qui serait un rejet de la raison serait contre-productif : par exemple cela se traduirait par une perte du sens profond de la démocratie... Mais il y a un rejet des "ismes" vraiment authentique si notre humaine commence à se vivre au niveau de l'âme et d'une intuition suprarationnelle. Car à l'inverse un rappel à la seule raison dialectique serait aussi insuffisant du point de vue spirituel car il tendrait à réhabiliter des dogmes, un moralisme nuisible à l'expérience psychique de l'âme et au développement d'une conscience plus intuitive.

Un discours spirituel qui ne tiendrait pas ce singulier équilibre montrerait qu'il n'a pas une vue claire de la réalisation psychique et de la spiritualisation du mental qui l'ouvrirait à l'intuition.



A mon avis de nombreux protagonistes du mouvement intégral au sens large (certains aurobindoniens et plus encore beaucoup des wilberiens et des coheniens) n'ont pas là-dessus des vues suffisamment claires malgré des références à l'âme ou au surmental voire au supramental ! 

jeudi 18 août 2011

NOUS NE SOMMES PAS LIBRE, NOUS AVONS A NOUS LIBERER.


Alors libre ou pas libre ? Personnellement, je pense que les deux points de vue sont justes. D'un point de vue nous ne sommes pas libre, nous sommes déterminés. Mais d'un autre si une libération est possible, il me semble qu'il y a en nous tous quelque chose de profondément libre. Mais qu'est-ce qui est libéré alors ? Une évolution de plus en plus consciente de la conscience individuelle, cosmique et transcendante opère la meilleure synthèse entre déterminisme et liberté absolue. J'ai essayé de traduire ceci ici et j'ai sur ce point cité Mère ici.
  
Ceci dit j'aimerai insisté sur la prépondérance du déterminisme chez la plupart. Pour moi la prise de conscience qu'il me fallait accepter d'être aussi déterminé est devenu évidente à la lecture d'Arnaud Desjardins :

"Vos pensées sont des citation, vos émotions sont des imitations, vos actions sont des caricatures."
"En fait, je ne suis pas certain que cette parole soit une formulation originale de Swamiji [Prajnanpad], bien qu'il l'ait souvent utilisée. Mais les années qui ont passé depuis que le l'ai entendue m'ont confirmé combien, dans sa sévérité apparemment excessive, elle pouvait être vraie. Se libérer peu à peu des conditionnements, des comportements mécaniques et répétitifs, de la force d'inertie des habitudes émotionnelles et mentales implique une démarche à la fois déterminée, habile et persévérante. Ce n'est pas la réflexion intellectuelle qui suffira pour nous convaincre de la véracité de cette formulation mais seulement une vision beaucoup plus fine et lucide de la manière dont nous réagissons. [...] C'est pour commencer une vision objective de la manière dont nos propres fonctions fonctionnent selon des schémas préétablis, ce qui nous permet de dire d'un comportement de quelqu'un: "Ah çà, c'est bien lui!", Les formules de Swami Prajnanpad commentées par Arnaud Desjardins, p.94.

L'ignorance et la non reconnaissance de ce fait par une majeure partie de la classe politique conduit aujourd'hui à des analyses qui auront des conséquences dramatiques. Par exemple, au lieu de s'interroger sur les causes sociales, psychologiques de la violence, nos politiques jugent une faute morale. Les émeutiers à Londres sont des bandits qui doivent payer. En France des hommes politiques considèrent de la même manière les incidents de banlieues où des voitures sont incendiées voire des édifices publics vandalisés, etc. L'analyse du point de vue de la liberté qu'on attribue à ces gens est rapide : ce sont des mauvais citoyens qu'il nous faut sanctionner.

Le diagnostique devient plus délicat si l'on se met à réfléchir en terme de déterminisme. On s'aperçoit que des phénomènes similaires se produisent en Grande Bretagne, en France et en Allemagne. N'y aurait-il pas des logiques semblables à l’œuvre ? L'appauvrissement économique et culturel semble s'amplifier de génération en génération. Ces personnes ne rejettent pas politiquement cette société, ils n'adhèrent pas massivement et explicitement à des partis révolutionnaires, ils sont les premiers dans les manifestations de jeunes en France à profiter de la situation pour piller et dévaliser les manifestants eux-mêmes qui militent pour plus de justice. Ils sont apolitiques c'est-à-dire qu'ils sont pour la logique cynique qui prédomine et qui consiste à s'approprier des biens et de l'argent par tous les moyens.

Écoutons le chanteur François Morel :

http://www.musicme.com/#/Francois-Morel/titres/Cas-Sociaux-t2092506.html?play=0600753249956-01_02
Voici les paroles :

C’est à cause que la société
M’a pas assez aimé
C’est à cause que j’ai trop souffert
D’une grippe sévère
C’est à cause que mon paternel
Aimait trop l’hydromel
C’est à cause que ma daronne
Sortait pas d’ la Sorbonne
À cause que, quand j’étais minot,
J’avais un vieux vélo
À cause que j’avais trop envie
D’être un jour dans Voici
À cause que j’aimais pas l’école
Ni la soupe aux ravioles
À cause que la fille du boucher
Voulait pas m’embrasser

{x2:}
La nuit, j’ brûle des autos
Je suis un cas sociaux

C’est à cause que le système
Connaît pas mes problèmes
C’est à cause que mon grand frère
Couchait avec ma mère
À cause que ma demi-sœur
A refusé mon cœur
C’est à cause qu’on m’a insulté
Dans un karaoké
C’est à cause qu’à la télé
On ne me voit jamais
C’est à cause que Jean-Pierre Pernaut
Parle jamais d’ mon hameau
C’est à cause que j’aime rêver
Dans les supermarchés
À cause qu’on m’a fait la remarque
Qu’ mes pompes avaient pas de marque

{x2:}
La nuit, j' brûle des autos
Je suis un cas sociaux

C’est à cause que faire président
C’est très valorisant
À cause que j’aime être une vedette
Qu’on me fasse des courbettes
C’est à cause que j’ porte des Rolex
Des Ray-Ban sans complexe
À cause que je place ma famille
Comme on placerait ses billes
C’est à cause que j’aime tant l’argent
Que c’en est indécent
À cause que j’ai pas d’ convictions
Mais beaucoup d’ambition
À cause que j’avais trop envie
D’être un jour dans Voici
C’est à cause que j’ai comme copains
Surtout des margoulins

{x2:}
Même si j’ brûle pas d’auto
Je suis un cas sociaux

Puisque l’exemple vient d’en haut
J’ai bien peur, mon poteau,
Qu’on se prépare pour bientôt
Beaucoup de cas sociaux 

dimanche 14 août 2011

R-EVOLUTION.



Pour commencer voici un extrait du blog Connaissance de soi de Jigé qui est pour moi une référence pour approfondir ma compréhension de l'évolution consciente de la conscience :


Alors on voit cette humanité qui avance péniblement et peine à garder son équilibre (enfin… ce qu’elle appelle “son équilibre”, qui est assez chaotique). Ce soit-disant “équilibre” (!!!) sera brisé par les circonstances qui se feront de plus en plus contraignantes jusqu’à ce qu’elle trouve un équilibre supérieur (ce sera 100 fois mieux que maintenant). Il faut vraiment connaître un autre état (beaucoup plus harmonieux) pour constater que NOTRE monde (celui que NOUS avons bâti) manque terriblement d’harmonie (tout comme il manque de joie et d’amour). Mais attention: dire que ce monde n’est pas harmonieux ne veut pas du tout dire qu’il faille l’abandonner pour apprendre à vivre dans un monde qui le serait plus (c’est ma grande objection à la spiritualité). Le lieu de la victoire, c’est ici, sur Terre. Que nous vaincrons ne fait pas l’ombre d’un doute, la question est COMMENT? Jusqu’à présent l’Homme semble avoir pris le chemin difficile.
Certains ne voient rien de commun entre les manifestations pacifiques de la Tunisie et les émeutes violentes de Londres. Ce n’est rien de surprenant, mais ils se trompent: c’est clairement la même force de progrès qui est derrière et qui pousse les gens: que notre action soit violente ou pacifique ne change rien, à chaque fois  un obstacle au progrès disparaît, et on se retrouve plus près du but. La principale différence entre violence et action pacifique, c’est que c’est NOUS qui subissons les conséquences de NOS actions: de toute évidence si nous sommes violents, c’est nous qui risquons de recevoir un pavé sur la tête; ce n’est pas l’évolution, qui elle poursuit inexorablement sa marche en avant.


Alors au lieu d'imaginer les catastrophes ce qui ne demande jamais beaucoup d'efforts tellement nous sommes fasciné par le drame, en écho à la dédramatisation de Jigé, imaginons la matérialisation du conte de fée :

Il n'y aura pas de gourou, pas de chef, pas de mot d'ordre mais une mélodie qui dira que le vieux monde est fini. 

Les gens lâcheront tous les rennes du système. La grande panne ou tout simplement une lumière incroyable ne quittant plus le champ de vision, un point qui soudain gonfle dans le coeur aura tout rendu inévitable. Passé l'étonnement, tous se parlent. Ils sont là sur les places, dans les rues, ils ne sont jamais vus, les enfants et les parents se découvrent, les amants ne se sont jamais connus, toutes les rencontres sont neuves. La grande machine est cassée. Plus rien n'empêche l'expression des âmes. 

Et surprise l'harmonie sera immédiate, les propositions sincères fuseront sans s'annuler, ce qui est meilleur sera reconnu et décidé.

Ce vieux rêve d'un grand soir ou de la venue du royaume des cieux parmi nous est bien utopique.
Mais au lieu de nourrir le désespoir, le cynisme et la pulsion de mort, nous allons réfléchir comment remonter ce rocher que depuis les prophètes de la Palestine, les communards de 1870 et les moments de grâce de 68 on n'a pas cessé de vouloir faire dépasser le point critique.

1 - la domination financière qui est le symptôme de nos pulsions bestiales d'appropriation va tomber sur le mur de la finitude de la terre. Ses promesses usurpées ne vont plus séduire. Les derniers pilleurs de vitrines et de matières premières iront se rhabiller ailleurs car il faudra bien partager, construire plus solide et durable pour ne plus gaspiller. 

2- Les grands monopoles de l'énergie seront démantelés. L'énergie devra être pris au soleil, à l'air, à l'eau et aux feux de la terre par des groupes de particuliers car nos feux artificiels de matières fossiles seront consommés ou deux ou trois accidents nous irradieront les mains.

3- Il faudra bien accepter de nourrir, d'habiller, de loger sans condition aucune ceux qui sont là puisque quelques ouvriers outillés et bien conseillés faire des toits par centaines, un agriculteur de la nourriture pour des milliers, une machine bien programmée des vêtements par dizaine de milliers, etc.


4- Les grands autodidactes de l'humanité ont séparé religion et spiritualité qui pour beaucoup ne font qu'un. 
Ils ont découvert l'art d'être sa propre autorité en philosophie et de se soumettre à la seule réalité des faits expérimentaux en bon scientifique. 
Ils sont allés plus loin encore en distinguant conscience et pensée pour extraire la présence du divin des griffes de ceux qui préfèrent adorer son idée sous une forme toute prête à excommunier, à anathémiser ce qui ne s'y plie pas. Toute réforme de la manière de penser est ratée si elle ne part des lumières de la conscience. La conscience est l'oeil divin, c'est la première pierre de la manifestation de ce qui existe. Nos pensées sentiments de nous mêmes ne sont qu'une onde dans cet océan.
Les forteresses mentales de l'idéologies et l'enfermement dans l'individualité animale dans cette lumière sont dévoilées et fort de cette nouvelle liberté, nous entrons dans une aventure où les entreprises d'appropriation, de glorification ou de séduction seront sans intérêt.
Ces Nouvelles Lumières ne sont pas médiatiques, mais elles sont à l'oeuvre dans leur environnement immédiat, elles partagent cette Lumière qui ne leur appartient pas et de nouvelles possibilités en découlent.


5- Certains explorateurs de la conscience commenceraient-ils à clarifier le subconscient animal ? Ils toucheraient alors à une conscience directe des pulsions. Celles-ci ne seraient plus des forces indirectes subconscientes mais des pulsations conscientes que la conscience pure pourrait clarifier comme elle clarifie le mental pensant dès les premières lueurs de l'éveil.

Personnellement je pense à Sri Aurobindo, Mère et Satprem. Mais il y a maintenant qu'ils ne sont plus accessibles à nos sens coutumiers, des êtres humains qui ont repris le flambeau.


Ecoutons ce poème de Marianne Dubois où se partage la possibilité de cette descente de l'illumination dans le corps qui en en fait se révèle une manifestation d'une lumière depuis toujours déjà enfouie dans la matière :

Le Jardin de la Présence

La Présence est lente
Elle a besoin du moment infini
Pour abolir les contours du temps
Les prisons de l’espace.
Elle a besoin de creuser la seconde
Pour entrer dans une action simple:
Arroser la plante assoiffée,
Cirer longuement la table, et la polir
Jusqu’à son ultime étincellement.
La Présence est comme une voleuse
Qui se glisse par effraction
Dans le geste le plus humble,
Dans la vision la plus modeste
D’un regard quotidien.
Elle habite pourtant
Depuis l’aube du monde
Chaque cellule vivante
Et se nourrit à chaque instant
De l’existence ordinaire.
Elle brille secrètement
D’une lumière si intense
Que nul ne pourrait s’en saisir
Et en faire une croyance.
Comme un vol d’oiseau
Qui s’enivre de liberté
Elle échappe à la forme
Et la contient toute entière
Elle dissout les vérités
Lorsqu’elles se figent
Et n’est jamais prisonnière.
Mais si le coeur a fleuri
Au soleil de la Présence
Plus rien ne peut l’atteindre
Si ce n’est la joie
Transparente et nue
Qui jaillit de la source
Et danse pour le rien ou le rire
Ou même pour l’illusion
Qui fait croire à la vie.


Jusqu'où en est-elle ? Il y a de discrètes références à Mère Meera qu'elle a rencontré et qui revendique son appartenance à la voie de Sri Aurobindo et Mère mais on peut apprécier aussi que Marianne Dubois nous exprime un chemin de première main où quel que soient les échos et les rencontres avec ces pionniers, il s'agit de son propre chemin, de son propre enfoncement et dégagement d'une évolution consciente biologique et non pas seulement culturelle.

Il faut saisir combien serait alors différent le chemin de ceux qui en resteraient à l'humanité ordinaire ou juste éveillée à la Présence de Cela tandis qu'un groupe important incarnerait une surhumanité et que certains plus avant encore poserait les bases d'un après l'homme ? Car il s'agit de prendre ceci au sérieux. Et l'idée de devenir riche, célèbre ou d'avoir une vie amoureuse épanouie devient alors moins centrale. L'éducation et les soins apportés à l'individualisation pour qu'elle ne tombe pas dans les pathologies psychologiques ou les pathologies de l'égocentrisme deviendrait de plus en plus central pour une société humaine clairement définie par le besoin et la vocation de l'évolution consciente de la conscience jusqu'à ses bases biologiques. Par ailleurs l'impact de ces êtres surhumains ou en voie d'être au-delà de l'homme favoriserait une poussée inexorable vers un type de société axée en ce sens. Cette poussée serait plus forte que la poussée de bestialité qui n'a cessé de se déployer depuis le début du XXème siècle. Certes avec les fascismes, le nazisme et les communismes elle a été sans commune mesure avec celle qui est en jeu aujourd'hui. Celle d'aujourd'hui est plus mesquine, moins démonstrative, elle fonctionne par compromission, démission, cynismes, lassitude, etc.

C'est là où peut-être la boucle commence à se boucler de notre petite fiction sur l'utopie  : il y a peut-être la majorité des êtres qui ont fait un pas décisif dans la surhumanité, qui ne témoignent pas, qui ne s'expriment pas pour avancer discrètement dans leur chemin d'évolution et ne pas effrayer ou attiser sur eux une concentration de bestialité. Et ils ont déclenché en nous cette poussée qui va vraiment nous libérer de la domination de la bestialité qui religieusement, idéologiquement, économiquement, socialement et politiquement semble diriger le monde. Bien sûr nous resterons avec des pulsions puisque nous n'en sommes pas conscient contrairement à ces éclaireurs mais en elles la pulsion de mort sera vaincue et dès qu'elles nous conduiront vers l'horreur nous ne les suivrons plus en les justifiant comme si l'horreur était notre vocation humaine.

jeudi 4 août 2011

SRI AUROBINDO : APHORISMES (EXTRAIT).

En écho au post de Olivier Breteau dans son Blog Le Journal Intégral :

Quand nous avons
dépassé les savoirs
Alors nous avons la connaissance
La raison fût une aide
La raison est l'entrave

Quand nous avons

dépassé les velléités
Alors nous avons le pouvoir
L'effort fût une aide
L'effort est l'entrave

Quand nous avons dépassé les

jouissances
Alors nous avons la béatitude
Le désir fût une aide
Le désir est l'entrave

Quand nous avons dépassé

l'individualisation
Alors nous sommes des personnes réelles
Le moi fût une aide
Le moi est l'entrave

Quand nous dépasserons

l'humanité
Alors nous serons l'homme
L'animal fût une aide
L'animal est l'entrave


Commentaires :

Avertissement :
Précisons que ces commentaires ne sont pas exhaustifs. Ils tentent un éclairage à partir des données immédiates de l'éveil à Cela que par exemple la Vision Sans Tête ou l'éveil évolutif nous donne. La spiritualisation dont parle Sri Aurobindo m'est inconnue en la perfection qu'il décrit. Quant à la supramentalisation, ce n'est pour moi qu'une hypothèse que de très rares percées et mon besoin d'être m'amènent à envisager et à espérer.


La raison n'est pas la véritable connaissance qui ne peut être qu'une connaissance par identité, une conscience consciente d'elle-même. Ainsi Cela n'est connu que par Cela. Lorsque Cela est envisagé par la raison, il est représenté par des images mais Cela n'est pas connu. Cela n'est connu que par Cela c'est-à-dire sans médiation. L'ego qui est connu en Cela reste un voile de Cela qui interdit plus ou moins la prise de Conscience de Cela.  L'ego induit encore une aventure vers une connaissance de Cela par Cela sans voile. L'ego est mental, vital et physique pour Sri Aurobindo.

Nous avons tous plus ou moins des velléités de perfection. Nous aspirons de temps à autre à plus de perfection pour nous-mêmes. Mais ce but nécessite des efforts pour avoir une aspiration plus constante. Ce but exige une concentration plus profonde d'abord dans la foi pour le divin ensuite quand il y a connaissance une concentration pour s'aventurer davantage dans le divin sans l'oublier. Mais au fond cette concentration est le reflet d'une lumière, d'un feu d'aspiration tout au fond de nous-même d'abord entrevu, à peine perceptible mais qui revient entre les nuages porter son feu de gloire.Quand cela surgit de l'espace de perception à la croisée de la dimension universelle et de la dimension individuelle de cet espace alors il y a comme cette lumière dans le cœur qui brille sans effort. C'est comme un paradoxe de paix, de joie et de besoin d'être d'aspiration patiente à plus. A l'effort de la concentration succède la grâce qui exige comme un effort vers l'absence d'effort pour laisser Cela agir de lui-même.

Le désir de Cela faisait comme des jouissances. L'ego qui cherchait Cela se voyant en Cela jouit satisfait d'être l'émanation de Cela par la quelle Cela redevient conscient de Cela. Il y a comme un mouvement jouissif de va et vient entre la conscience de Cela et la conscience de l'ego par le biais de la conscience de l'ego redécouvrant Cela. Mais à vrai dire ce mouvement jouissif n'est pas la joie inhérente à la lumière de Cela à la croisée de ses dimensions transcendante, universelles et individuelles. En cette lumière de Cela par laquelle je suis individu authentiquement une émanation de Cela dans son universel et son unité, il y a une joie qui n'est pas une jouissance d'un sujet pour un objet. Pour Sri Aurobindo la jouissance qui implique un reliquat de sujet et d'objet fera place dans l'approfondissement de la vision de Cela à la joie sans objet dans laquelle Cela se manifeste. La béatitude est dans cette perspective la nature même de Cela qui se manifeste. L'individualité n'est plus qu'une ridule de l'océan de la béatitude, Cela même Qui s'auto-crée en Cela. Et c'est le désir soudain qui nous exile de cet océan de béatitude nous amenant à rejouer le jeu du sujet et de l'objet, le jeu du chercheur qui à l'occasion jouira de sa découverte de Cela, oubliant ce qu'il ne cesse d'être une ridule de béatitude dans l'océan de la béatitude.

Nous touchons donc pour Sri Aurobindo à ce moment où la lumière à la croisée de l'universel et de l'individuel n'est plus enfermée dans le reflet d'un ego qui cherche à jouir. Le moi qui était jusque là la condition nécessaire de la réalisation de CELA. Le moi qui devait vouloir et désirer s'éveiller à CELA puis qui lui ayant permis de se réaliser à travers lui devait sans cesse se rappeler de sa Présence pour le laisser rayonner à travers lui devient alors un obstacle à la réalisation de CELA. Pour Sri Aurobindo, là où il y avait un ego se sacrifiant à CELA, il ne restera qu'une individualisation de CELA, un pur instrument cristallisant consciemment la volonté de CELA. Cette individualisation n'est plus qu'une distinction sans différence de la cosmicité et de la transcendance de CELA.

Le dernier paragraphe ouvre la perspective de la supramentalisation qui succède à la spiritualisation. Selon Sri Aurobindo, la spiritualisation dans sa perfection consiste donc en ce que le chemin spirituel n'est plus mené par le moi mais par CELA seul. Cette spiritualisation s'accomplit au niveau de l'intelligence, de la volonté et de l'affection. La supramentalisation est la transformation de notre réalité pulsionnelle. Nos pulsions d'appropriation (la faim comme la recherche de possession, etc.), de reconnaissance ( la gloire aussi bien pour l'histoire que la focalisation des regards de la table voisine, l'agressivité qui va de l'irritation au surgissement de violence, etc.) et de reproduction (sexuelle, liée à la conservation du corps et à ses habitudes plus ou moins bonnes, etc.) sont les ferments inconscients de notre animalité qui ne disparaît pas avec la spiritualisation mais qui se civilisent. La supramentalisation consisterait d'abord à les transformer en une intelligence alors qu'elles sont des forces mécaniques qui souterrainement agissent et que la spiritualisation pouvait juste tenir en bride. L'homme en ce sens pourrait être fondamentalement le premier être vivant capable d'évoluer biologiquement et non seulement spirituellement consciemment. Cette vocation d'être homme serait paradoxalement le dépassement de notre réalité humaine biologique...