jeudi 22 septembre 2011

NON DUALITE ET EVOLUTION.


De quelle nature est la relativisation de la morale et plus généralement de la pensée rationnelle en vue d'agir  produite par la réalisation non duelle ?

Si tout est cela, comment pourrait-on juger que telle chose est moins cela que le reste ? Dès lors comment pourrait-on tenir pour vraie absolument que telle chose est mal et ne devrait plus exister ? Tout ce qui est étant l'expression de cela, puisque ce fait criminel est, il doit être accepté.

Toutefois si j'assiste à un crime et que je passe indifférent mon chemin en acceptant que ceci existe, du point de vue moral ne suis-je pas coupable de non assistance à personne en danger ?

La non-dualité est l'acceptation de ce qui est ici et maintenant sans passer par aucune réflexion. Ce qui surgit dans l'espace de conscience y est accueilli directement sans jugement aucun. Avant même que nous y pensions ce qui est vu est vu sans jugement.
Mais ce donné immédiat non duelle n'empêche pas une réflexion d'apparaître en vue d'une action par rapport à la situation acceptée et voulue du point de vue non duelle.
On peut aisément constater que l'expérience non duelle du point de vue de la réflexion qui s'y génère pour agir ne semble pas toujours semblable. La conscience de Cela ne semble plus dès lors engendrer le même type d'action. La non dualité du Bushido est-elle compatible avec la non-dualité de la mystique Rhénane ? La non dualité versus Guénon est-elle du point de vue politique la non dualité versus Sri Aurobindo ? Et au fond la non dualité du tyrannosaure est-elle en terme d'action de la même nature que celle des hominidés ? 

Certains diront que parmi ces expériences de non dualité certaines sont authentiques tandis que d'autres ne le sont pas. Quant à nous, il nous semble premièrement que CELA n'exclut aucune possibilité d'être et d'action. Et deuxièmement CELA dirigeant l'action d'un sujet l'ayant réalisé, CELA est toujours pleinement conscient de lui mais dès lors qu'il prend conscience de lui par le biais d'un sujet , il y a une vision de CELA par CELA par un certain filtre. 

Acceptant cette finitude radicale au cœur de notre réalisation de CELA nous apprendrons à faire preuve d'une certaine humilité sur la profondeur de notre vision de CELA filtrée qu'elle est par notre mentalité humaine. Et nous avons l'idée spécifiquement humaine d'un déchirement des limites de notre finitude au cœur même de notre réalisation de CELA : certains d'entre nous portent à la fois le sens de l'humilité quant à la réalisation non duelle et l'ambition d'œuvrer à rendre notre vision de CELA de moins en moins filtrée par notre finitude. Et héritant de plusieurs directions afin de dépasser ce filtre, nous prenons conscience qu'il pourrait y avoir une évolution de plus en plus consciente de Vision individualisée de CELA.

Nous n'adhérons donc pas à une non dualité qui nie l'évolution. Le tyrannosaure qui comme la plupart des animaux pouvait être l'expression non duelle de CELA ne la niait pas, il l'ignorait. On peut vraiment se demander si celui qui nie l'évolution du point de vue de la non dualité est ignorant ou si en lui malgré la lumière de la non dualité il y a une perversion quelconque.

Au final il n'y a personne à convaincre de quoi que ce soit, il y aura ceux qui franchiront un seuil évolutif en découvrant en eux la dimension de CELA QUI FAIT CONSCIEMMENT LE CHEMIN DE L'EVOLUTION et il y aura ceux qui n'auront pas conscience de cette dimension parce que CELA PAR EUX L'IGNORE.

vendredi 9 septembre 2011

ETRE EVEILLE A L'EVOLUTION DE LA CONSCIENCE N'EST PAS ETRE SATISFAIT !



L'insatisfaction est souvent le moteur qui nous pousse vers l'aventure de la Conscience. 

Première découverte, il y a le perçu et le percevant. Il ne s'agit pas d'une simple posture intérieure qui consiste à mettre son ego en retrait pour le détacher de ce qui se produit dans la conscience. Il s'agit de constater que tout est perçu par le percevant, l'ego y compris. Un pur témoin impersonnel semble alors réalisé. Mais ce n'est qu'un premier pas que le retour à ce Témoin. Il reste une dualité entre le Témoin et ce qui apparaît devant lui. Il n'y a pas encore d'unité de cette dualité. Une insatisfaction demeure en place dans le creux de ce dont le Témoin est témoin. A moins que l'ego magnifié par cette existence du Témoin ne fasse preuve de complaisance envers lui-même et ne se réfugie dès qu'il est pris en flagrant délit dans la tanière du Témoin pour éviter la souffrance. 

Les spiritualités de la non-dualité traditionnelles les plus élaborées estiment que quand Cela est réalisé alors la vide et la forme s'embrassent dans l'unité joyeuse que Cela EST. Cela se révèle alors amour inconditionnel et non préférentiel : l'égocentrisme est dès lors aboli . L'insatisfaction quand Cela est réalisé disparaîtrait : une plénitude grandirait du fait de la dissolution immanquable de l'ego qui suit la disparition de son principe fondamental d'existence qu'est l'égocentrisme.

L'aventure de la Conscience proposée par la non-dualité traditionnelle me semble insatisfaisante. Le vide et la forme s'embrassent-ils seulement dans l'Être de Cela ? L'auto-satisfaction de la source de ce qui Est est-elle la réalisation la plus profonde de Cela ?

Socrate décrit Eros comme l'enfant de la pauvreté (Penia)et de la richesse (Poros). En termes spirituels, afin d'éviter les confusions, on devrait dire que Eros est l'enfant paradoxal du besoin d'Être et de la plénitude d'Être. Le daimon érotique de Socrate, le génie de son âme en quelque sorte, si il correspond non à une projection illusoire mais à une dimension profonde de Cela, présente une option à l'insatisfaction du chercheur spirituel qui s'ignore et à la satisfaction inhérente à une forme de réalisation spirituelle.

Le platonicien envisage que la pleine satisfaction sera recouverte quand ce démon intérieur qu'est l'amour du beau aura trouvé la beauté transcendante source de l'Être et de la Conscience (l'intelligence ?). L'aventure de la Conscience auquel pousse ce démon intérieur qu'est l'amour du beau s'achèverait alors réalisant que la source transcendante engendrerait l'âme.
Le stoïcien est aussi un disciple de Socrate et il n'aura pas la même vision de ce démon qui nous pousse vers la beauté et la connaissance de soi : un stoïcien est plus sensible à l'harmonie du tout et à  sa découverte en nous. Notre âme serait l'individualisation du tout. Plus précisément si on suit le stoïcien, le tout engendre une partie au travers de laquelle le tout peut prendre conscience de soi.


A vrai dire, le démon de Socrate ne se caractérise pas tant par la découverte d'une beauté transcendante ou d'une harmonie cosmique qu'à la découverte de notre véritable âme. Il œuvre à ce que chacun devienne davantage ce qu'il est, à ce qu'il accouche de sa véritable et authentique dynamique dans l'aventure de la Conscience. La pluralité d'options spirituelles et philosophiques qu'ont développées ses disciples n'en est-elle pas la preuve ?

Cette interprétation de l'aventure de la conscience socratique est celle que Sri Aurobindo nous suggère dans la Vie Divine, livre IV. 
Ce paradoxe de plénitude et de besoin d'Être peut nous habiter au cœur même du mouvement immobile où vide et formes s'embrassent. Ce paradoxe érotique tranche avec toute forme de complaisance de notre petit ego "spirituel" qui demeure. 
L'amour du beau que cet Eros incarne n'est peut-être pas seulement le retour à la source transcendante de ce qui Est ou la réalisation de son harmonie cosmique,  mais il est aussi l'appel amoureux d'une individualisation de la Conscience à plus de beauté au cœur même de la manifestation de la Conscience. C'est comme si la transcendance elle-même s'ancrait individualisée dans sa manifestation pour y faire grandir le besoin de s'y manifester en tout point. Ce besoin d'Être est comme le besoin de Cela de se délecter de son amour et de sa joie en tout point de sa manifestation sans un espace délaissé. 
Ce besoin d'Être est le besoin de Beauté, d'harmonie et de diversification individualisée de Cela s'intensifiant à l'infini. C'est la soif d'évoluer propre à l'auto-création de Cela qui n'a rien de linéaire puisque ces dimensions se recoupent, se rejettent, se surmontent, s'intègrent sans cesse dans de nouvelles formes, de nouvelles harmonies, de nouvelles originalités et des éclats inédits de la transcendance. 
Ce  besoin d'Être n'est-il pas ce que Sri Aurobindo appelle l'être psychique ?

jeudi 8 septembre 2011

QUELQUES A PRIORI A DEPASSER SUR L'EVOLUTION.


CAPSULE HISTOIRE : L'EXPANSION DU CERVEAU DES HOMINIDES.

Il semble que l’expansion du cerveau des hominidés a réellement commencé avec le genre Homo. En effet, le cerveau des australopithèques, avec un volume d’environ 400 cc, n’est pas plus gros que celui des grands singes. Entre il y a 2 millions et 700 000 ans, la taille du cerveau de Homo erectus a doublé.

L’autre grande augmentation de volume cérébral survint entre il y a 500 000 et 100 000 ans chez Homo sapiens pour produire les 1 350 cc que contient notre crâne. En moins de 4 millions d’années, un temps relativement court à l’échelle de l’évolution, le cerveau des hominidés va donc tripler du volume qu’il avait acquis en 60 millions d’années d’évolution des primates.
1 Chimpanzé 2 A. africanus 3 H. habilis 4 KNM-ER 1470 5 Homme de Java 6 Homme de Pékin 7 H. saldensis 8 H. saldensis 9 « Broken Hill » 10 Homme de Néanderthal 11 H. sapiens sapiens


Plusieurs hypothèses pouvant avoir agi de concert ont été émises pour expliquer l’origine de cette expansion cérébrale spectaculaire : la fabrication d’outils (car elle nécessite précision motrice, mémoire et planification); la chasse (suivre et prédire le parcours du gibier est facilité par la mémoire fournie par un gros cerveau); les règles sociales complexes (un plus gros cerveau aide à assimiler des conduites sociales complexes); le langage (plusieurs pensent qu’il s’agit d’une adaptation survenue très tôt chez les hominidés).

En ce qui concerne le langage, l’aire de Broca apparaît dans les endocastes d’australopithèques. Celle de Wernicke un peu plus tard chez Homo habilis. Mais le problème est que l’expansion cérébrale est venue après, avec Homo erectus. Même chose d’ailleurs pour les autres hypothèses : les premiers outils, les premières chasses et les premières sociétés organisées semblent toutes avoir précédées l’expansion du cortex cérébral humain.

D’autres ont souligné l’importance probable de l’avènement de la station debout dans l’expansion corticale. La bipédie a en effet entraîné la libération de la main, la descente du larynx, mais aussi le raccourcissement du bassin de la femme dont le canal pelvien devint alors trop étroit par rapport au volume du cerveau du nouveau-né. Ceci entraîna le déclenchement prématuré de l’accouchement du bébé humain avant la maturité complète de son cerveau. C’est à ce cerveau immature à la naissance que l’homme doit son exceptionnelle capacité d’apprentissage.

L’expansion du cerveau humain à partir de nos ancêtres primates est donc un fait avéré mais ce qui l’a provoqué est encore sujet à débat.


LE CERVEAU HUMAIN S'EST RECROQUEVILLE.
 
A découvrir grâce à des images exclusives: l’exploration virtuelle du crâne des hommes préhistoriques, tel Cro-Magnon, montre que le cerveau humain s’est recroquevillé au cours des 30.000 dernières années!
C’est une étude qui nous dégonfle la tête! Le cerveau des hommes actuels est plus petit que celui des hommes préhistoriques, tel le célèbre Cro-Magnon, âgé de 28.000 ans. C’est ce que révèle une étude présentée aujourd’hui lors des journées de la société d’anthropologie de Paris. Elle a été menée par Antoine Balzeau, (CNRS/ Muséum national d’histoire naturelle), Dominique Grimaud-Hervé (MNHN) ainsi que Benoît Combès et Sylvain Prima de l’Inria (Institut national de recherche en informatique et automatique).

L’imagerie 3D a fait entrer la paléontologie dans une nouvelle ère lui autorisant des inquisitions toujours plus poussées. Le cerveau de Cro-Magnon a ainsi été scanné, son endocrâne a été imprimé en trois dimensions. Il a ensuite été comparé à celui de 14 autres hommes sapiens fossiles et de 102 hommes actuels. Résultat ? Alors que depuis 4 millions d’années la tendance était à l’accroissement de la cervelle, c’est aujourd’hui l’inverse. Le cerveau des Homo sapiens aurait tendance à se comprimer depuis 30.000 ans, comme le montre ce morphing entre le crâne de Cro-Magnon et celui d’un sapiens ordinaire -comme vous et moi- réalisé en exclusivité par Antoine Balzeau pour Sciences et Avenir:

L’endocrâne s’est raccourci d’avant en arrière,-comme s’il s’était ramassé sur lui-même et légèrement aplati sur le dessus. On observe au final une diminution de 7% de longueur, de 3 à 4% de hauteur et de 4 à 5% de volume. Certains lobes ont rétréci, d’autres se sont allongés. Bref, notre cerveau s’est réorganisé dans un crâne plus petit. Alors, rabougri du bulbe, Homo sapiens ? Pas sûr : ce recroquevillement a certainement favorisé la création de replis et de nouvelles connexions neuronales !

Pour en savoir plus, retrouvez l’article publié dans le magazine Sciences et Avenir daté février 2011 (en kiosque dès aujourd’hui) : « L’homme moderne perd la grosse tête » ou comment le cerveau a triplé de volume, de Lucy à Cro-Magnon, avant de commencer à se recroqueviller. A lire également : La révolution de l’anthropologie virtuelle ; Neandertal/sapiens : une étude montre que leur cerveau était câblé différemment. 

Mon commentaire :
Ces données nous autorisent à penser du point de vue de notre connaissance de la matérialité  :
1. l'homme que nous sommes (homo sapiens sapiens) est un être en cours d'évolution;
2. cette évolution n'est pas simplement un grossissement de nos capacités cérébrales qui nous mènerait vers un super-homme c'est-à-dire au fond le même mais en plus sur tel et tel plan;
3. ce qui est en jeu est d'abord un changement de structuration de la conscience c'est-à-dire non pas plus de capacités mentales mais une autre façon pour la conscience de se percevoir elle-même.

Maintenant intéressons nous à notre intériorité et la perspective évolutive du point de vue de la conscience :

La conscience par sa manifestation mentale  peut se savoir  unique conscience pure où se manifeste les phénomènes et pas seulement conscience personnelle de soi. 

Cette réflexion est un retour de la conscience pure à partir de la représentation des phénomènes sur elle-même en tant que conscience pure sans qu'il y ait vraiment un temps de retour puisque la conscience pure colle à 0cm aux phénomènes. 

Cette réflexion qui nous conduit à réaliser cette conscience pure qui nous manifeste est donc mentale sans l'être puisque le mental en jaillit. 
A vrai dire la couche de conscience mentale reste inconsciente directement de la matérialité des phénomènes même si elle participe à cette conscience directe de leur manifestation dans la conscience pure. Notre prise de conscience de la conscience pure dont nous sommes la manifestation demeure incomplète, insatisfaisante. Nous aspirons à un retour plus vaste de la conscience pure sur elle-même qui nous livrerait davantage les clés de la manifestation des phénomènes dans leur matérialité. La connaissance indirecte mentale de la matérialité nous donne de belles machines, de belles antennes, de brillantes prolongation de nous même qui ne font que souligner nos limites. Notre brillante intelligence mentale de la matérialité des phénomènes ne produit que du plus homme, davantage d'extension de nos capacités mentales mais rien d'autre...

jeudi 1 septembre 2011

LA "PENSEE" D'ALAIN SORAL SYMPTOMATIQUE DE L'IMPASSE DES EGOCENTRISMES NATIONALISTES ET/OU INDIVIDUALISTES FACE A LA CRISE EVOLUTIVE.

Des penseurs comme Alain Soral nous propose une synthèse entre la droite et la gauche. Il faut reprendre les valeurs de la droite qui défendent une tradition et les fusionner avec le sens de la justice de gauche. Pour lui l'ennemi commun est le libéralisme économique mondialiste qui défait les traditions pour fabriquer des consommateurs ou des agents serviles et bien sûr consacre une exploitation financière quitte à entraîner la paupérisation d'une grande partie de la population.
L'arme centrale utilisée par les socialistes libéraux fût l'antiracisme dans les années 1980. C'était le moyen de faire accepter à la classe pauvre son élargissement et son déclassement. C'est être raciste de protester contre l'immigré qui en fait travaille toujours dans des conditions inacceptables et au fond participe à la dégradation des conditions de travail. Plus subtil un mouvement de droite et de gauche fait monter un anti-islam, il n'est plus question d'être raciste mais de mettre en jeu une menace culturelle que fait peser cette religion sur nos libertés. Elle permet alors de diviser les pauvres, de lancer les pauvres anti-musulmans contre les pauvres musulmans. 
Alain Soral suggère que toutes ces questions ont été sans cesse instrumentalisées pour éviter une conscience de la lutte des classes qui est en jeu et au fond pour déposséder les peuples de leur pouvoir et de leur identité au profit d'un pouvoir mondialisé qui n'appartient qu'aux plus riches.


Les analyses sont brillantes, dialectiques et elles fleurtent volontiers avec ce qui heurte l'intellectuel bon tain qui rejette d'emblée les thèses du FN comme néofasciste et relativise la lutte des classes voire trouve ce concept désuet.  Vue les tentations politiques des uns et des autres, la "pensée" de Soral est bien un cas représentatif du tournant néo-conservateur que l'essayiste Daniel Lindenberg a essayé de décrire et de dénoncer. Nous pensons que la grille de lecture essentiellement fondée sur la modernité et les Lumières que nous propose Daniel Lindenberg est insuffisante pour critiquer cette tendance dont la "pensée" de Soral est symptomatique. Selon Soral ces intellectuels bourgeois bohêmes (les bobos) droit de l'hommistes n'ont plus aujourd'hui comme option que la seule écologie qui serait selon lui le top du nihilisme politique, autrement dit la démission de l'action politique par excellence.

1 - Cette analyse néglige totalement le fait que la crise en cours par ses dimensions écologiques et culturelles nous oblige à envisager la constitution d'un niveau international de la démocratie.

La crise économique et financière pourrait en effet se résoudre en ramenant la vie économique à des échelles nationales permettant au peuple d'en tirer réellement profit, confort et sécurité. Mais si la crise écologique est un fait alors l'internationalisme est plus que jamais nécessaire et pour ce faire l'Europe politique est un point d'appui nécessaire. Notre thèse est qu'il y a une crise écologique parce que l'homme traverse une crise évolutive comme auparavant les premiers ancêtres de notre lignée qui devinrent les primates suite au Jurassique. Une telle évolution n'a rien de local ou de national, elle met en jeu des équilibres planétaires sur les plans matériels, culturels et spirituels et donc le sens de cette évolution en cours nécessite l'unité humaine pour éventuellement être vécue sereinement c'est-à-dire plus consciemment afin d'éviter les drames qu'engendreront des destructions de formes passées qui font obstacle. Par exemple, toutes nos énergies fondées sur des énergies fossiles y compris les nucléaires ne seront plus valables à moyen terme (certains démontrent preuves à l'appui que le pic du pétrole est derrière nous!!) : politiquement comment agir  sur les groupes internationaux qui préfèrent gérer la pénurie à leur avantage quitte à ignorer que leur propre avenir soit compromis au cours d'une panne globale d'énergie ? A ce propos il faut que nos démocraties recourent de moins en moins à des représentants politiques qui par leur mandat ont les mains libres pour prendre leur part du marché.Il faut repenser nos organisations décisionnelles démocratiques afin que ce soient des délégués qui agissent en notre nom chargés d'un mandat précis et qui soient révocables preuve à l'appui par les citoyens s'ils trahissent ce mandat précis. Le confinement nationaliste est donc plutôt une résistance et une inertie de nos démocraties représentatives qui ne peut engendrer que de la souffrance puisque les faits sont là : nos sociétés sont déjà multiculturelles par leur composition même si cela crée des frictions douloureuses, les évènements planétaires environnementaux à venir sont inévitables et notre organisation décisionnelle elle-même est désuète pour faire face aux défis qui nous attendent. Enfin en ce qui concerne la dimension internationale, avouons que des représentants ou délégués d'une politique nationaliste n'agissent jamais dans la perspective des intérêts universels : inventer une démocratie supranationale implique que les personnes morales nationales agissent comme des citoyens d'une seule et même nation terrestre prêts à accepter les contraintes collectives supranationales qui au fond garantissent une souveraineté nationale qui ne méprisent pas les autres nations.

Mais une nation fondée sur des valeurs universalistes (liberté égalité fraternité) peut intégrer et remettre les valeurs des multiples cultures qui la compose à leur place et dès lors riche de cette expérience intérieure (culturelle et spirituelle) participer activement à l'édification d'une démocratie supranationale. Le mouvement intégral avec les modèles de Ken Wilber, de Steve Mac Intosh ou avec l'idéal de l'unité humaine de Sri Aurobindo est ici pertinent.

Rien d'original dans cet internationalisme défendu déjà par les penseurs racines du mouvement intégral comme certains idéalistes allemands (dont le marxisme fût l'héritier sur cet aspect), Bergson connu pour ses engagement pour la paix entre les nations et bien sûr Sri Aurobindo et Mère qui a fait d'Auroville un des symboles de l'unité humaine à venir tout en liant cette expérience à des instances internationales comme L'UNESCO. Précisons que l'internationalisme pour Sri Aurobindo ne sera une réalité lorsque les peuples agiront à partir de leur âme collective et non plus de leur ego-centrisme. Cette précision qui met ici encore en jeu une spiritualisation de nos cultures permet de comprendre comment une mondialisation n'implique pas la destruction des identités culturelles mais par contre implique de les libérer de leurs tendances égocentriques.

Avoir un peu de profondeur spirituelle et de lucidité sur l'environnement, nous amène à prendre au sérieux ce qui apparaît comme des déséquilibres nous obligeant à revoir notre rapport économique à la nature mais aussi à reconsidérer nos échanges (culturels et économiques) avec les autres peuples. Ainsi un guide spirituel majeur comme le Dalaï Lama est très direct :
Si je devais voter, ce serait pour un parti écologiste. Ce n'est pas un choix politique, c'est une question de survie; c'est pourquoi je considère cette question comme primordiale.
La question de la peur dans une perspective spirituelle ne se posera pas puisque nous ne sommes pas ce corps et que la recherche spirituelle consiste à l'expérimenter. La survie dont il s'agit dans cette citation d'un homme au rayonnement spirituel indiscutable est celle de la manifestation du point de vue d'une liberté ancrée dans la non manifestation par définition immortelle, intemporelle, etc. Susciter la peur pour imposer l'écologie n'est pas du tout un chemin spirituel : ce serait de la politique au sens d'un art de la manipulation et c'est bien ce sens de la politique qui doit être dépassé ou abandonné. Enfin la peur est bien souvent ce qui mène au cynisme et amplifie la dégradation de l'environnement. L'enjeu véritable est donc évolutif et certaines crises évolutives voient en effet la disparition des espèces dominantes : si nous voulons accompagner l'évolution en cours pour ne pas disparaître, nous devons sans doute passer de mentalités ethnocentriques ou anthropocentriques à une mentalité cosmique en symbiose avec la nature et c'est une force de la nature qui oeuvre à travers nos actes inconscients qui nous oblige à évoluer ainsi. Ceci va au-delà du spirituel car cela met en jeu nos mécanismes physiologiques inconscients. La peur nous laisse à un niveau anthropocentrique comme d'ailleurs le désir de montrer qu'il n'y a pas de réelle crise écologique, ces deux attitudes nous empêchent d'adhérer de plus en plus consciemment à une évolution non seulement culturelle mais aussi écosystémique et donc biologique.

2 - La question de l'immigration reste cependant posée car elle produit à l'évidence des tensions sociales. Le mouvement intégral avec Wilber, Don Beck, etc. d'une part ou d'autre part avec Sri Aurobindo apporte une réponse originale qui n'est ni provocatrice, ni très efficace pour avoir des échos sur un plan médiatique mais qui a déjà connu des applications encourageantes. Le problème en jeu n'est pas tant l'immigration et l'intégration culturelle des immigrés mais l'hétérogénéité des niveaux d'évolution des mentalités des groupes sociaux qui composent notre pays et qu'il s'agit d'orienter tous vers plus de conscience afin que tous deviennent  culturellement et spirituellement conscient que participer consciemment à l'évolution est le propre de l'être humain au niveau individuel et collectif. 
A vrai dire la population n'est pas du tout homogène et cette non homogénéité ne coïncide pas du tout avec les origines ethniques des uns et des autres. La modernité centrée sur l'usage de la raison et de notre propre autorité à l'encontre de la religion fondamentaliste n'est pas toujours un acquis garanti dans les populations d'origine immigrée quelle que soit sa réussite économique. Mais ce manque de pénétration de la raison moderne concerne aussi nombre de personnes ayant de nombreuses générations d'ancêtres nationaux. Au-delà de la modernité, le postmodernisme ou le subjectivisme qui nous rend sensible à la vie et donc à notre relation fondamentale à l'environnement ne s'est pas imposé sur tous les plans. Et puis quand ce subjectivisme se constitue la dimension communautaire a encore beaucoup de poids sur les individus et donc quand la modernité pourtant sensible à notre propre autorité et choix personnel s'ouvre à l'individualité, cela reste teinté de réflexes identitaires collectifs. Par exemple concernant le problème du voile islamique, d'une kippa ou d'un crucifix, on a l'attitude prémoderne qui marque une soumission de l'individu à sa communauté et on a des attitudes postmodernes qui marquent la volonté de l'individu d'exister en se réclamant de telle identité communautaire. Faute d'ignorer que le plus important est ce qu'il y a dans la tête et non ce qu'il y a sur elle ou accrochée à elle, l'action politique contemporaine échoue.
Alain Soral dénonce l'individualisme des bourgeois bohêmes qui cherchent à se donner bonne conscience mais il n'échappe pas non plus lui-même  à cette quête d'individualisation identitaire égoïste même si dans son cas elle a une dimension créatrice plus prononcée. Ainsi le subjectivisme individualiste caractéristique du spectateur-artiste et le subjectivisme nationaliste d'Alain Soral sont les deux faces de l'impasse égocentrique qu'elle soit à une échelle individuelle ou collective. Il y a là deux négations subtiles de l'âme, âme dont la vocation est l'évolution et la communion.
La réponse à cette crise est donc d'assumer d'urgence le passage vers un subjectivisme spiritualiste qui saura donner à ceux qui en ont besoin la raison qui libère de l'obscurantisme traditionnaliste qui reproduit des croyances sans saveur. Subjectivisme spiritualiste qui saura aussi dépasser la sécheresse un peu vide de la raison et souvent sonnant faux telle le moralisme droit de l'hommiste en initiant à un subjectivisme qui sache éviter davantage l'égocentrisme. 
Et donc si l'analyse de l'évolution des mentalités proposée est bonne, c'est bien à l'impasse du subjectivisme que nous avons présentement affaire sous toutes les formes dont nous avons pu parler jusqu'ici. Pour faire vite il y a d'un côté un subjectivisme individualiste souvent multiculturaliste et internationaliste  et d'un autre il y a encore un subjectivisme nationaliste ou communautariste. Dans le cas de Soral les deux côtés se mélangent pour donner des configurations qui confinent à la provocation en prenant soin autant que possible de ne pas franchir certaines lignes interdites par la loi républicaine (cf. ses thèmes de réflexion et ses engagements politiques).

 A vrai dire quand on on sait l'efficacité médiatique et la reconnaissance que la provocation produit dans le système mental subjectiviste, on peut retourner contre lui une critique sociale : à sa pseudo lutte des classes  tendance théorie du complot soft avec laquelle il analyse la société, nous substituons une lutte des égos individuels et collectifs pris dans le triangle amplement inconscient de l'appropriation, de la satisfaction sexuelle et de la reconnaissance et nous fondant sur ce critère "la pensée" d'Alain Soral relève tout particulièrement des pathologies de la reconnaissance. [sur l'erreur philosophique et spirituelle fondamentale qui anime les théories du complots nous renverrons à notre article CONSPIRATIONNISTES, CROYANCES AUX ILLUMINATI ET AUTRES ZEITGEIST IGNORENT L'ESSENTIEL.]