vendredi 24 février 2012

DETERMINISME, GRÂCE ET LIBERTE. épisode 1.

Le déterminisme présente un intérêt spirituel indéniable : au final ce qui réalise que mon individualité est déterminé est  Cela qui me fait être et me détermine. Prendre conscience de ce qui détermine revient à réaliser Cela qui s'autodétermine sous la forme de cette individualité. Personne ne s'éveille : ce n'est que Cela qui se réveille malgré ou au travers une personnalité.

Mais cette réalisation de Cela qui s'effectue par un effort au sein d'une individualité pose la question de l'effort de cette individualité. Comment la lumière de Cela qui anime l'individualité au point de ne plus être connue dans l'individualité que comme lumière de l'individualité peut-elle surmonter cette identification et se réaliser comme lumière de Cela ?

La position déterministe permet de mieux comprendre la nature de l'illusion qui nous empêche d'adhérer pleinement à la Vie : nous nous croyons un individu qui fait ce qu'il veut niant ainsi que c'est la Vie qui s'autodétermine à travers nous. Grâce à cette approche, nous entrevoyons pourquoi nos intentions et nos actes s'entrechoquent mais aussi pourquoi plus nous refusons ce qui est plus nous nous sentons un individu séparé du monde et des autres. Cette approche permet aussi de défaire l'illusion qu'il y aurait à croire que l'éveil à Cela peut être gagner par nos seuls efforts individuels. Mais cette position déterministe laisse fort mystérieuse le retournement de l'effort individuel en non effort actif de la Vie. Enfin elle semble comme relativiser la conversion individuelle vers une recherche spirituelle : celle-ci n'aurait lieu qu'à l'aune de Cela.

Cependant d'autres faits pratiques nous font envisager une autre approche comme nécessaire. L'éveil de Cela n'est étrangement pas forcément constant : l'individu reprend le devant de la scène oublieux de Cela. Ou bien la mécanique de l'individu s'effectue devant Cela dans un sens où la présence de Cela semble s'amenuiser. Parfois l'individu qui reprend les devants va se glorifier de l'éveil de Cela et entonner que personne ne s'éveille mentant dès lors effrontément.

Une autre approche est possible qui reprend les avantages du déterminisme tout en confrontant l'individualité à son pouvoir de faire pâlir ou favoriser la présence de Cela. Il s'agit d'envisager une forme d'absolu divin tout puissant qui serait à notre racine, à la racine même de notre liberté individuelle. Réaliser Cela par le biais du déterminisme, dans cette nouvelle approche qui veut intégrer cette plus ou moins forte présence de Cela se traduirait par le fait que notre volonté individuelle se soumettrait plus ou moins à la volonté de l'absolu divin. Mais cette approche pourrait volontiers affirmer que la Vie de notre individualité en son fond est la Vie même de cet absolu divin. Un autre ensemble de points que cette nouvelle approche pourrait intégrer est la question de l'effort individuel, de la conversion relativement au fait que Cela ou la Vie en son fond ne fait pas d'effort pour agir ou que c'est cette Vie même qui se réalise au tréfonds de l'individualité comme l'essence de toute chose. Les concepts à introduire serait la liberté de la volonté individuelle et la grâce de l'absolu qui guide et éclaire cette liberté de la volonté individuelle pour qu'elle voit en son fond la Vie qui l'anime.

Il y a une grâce essentielle (une grâce suffisante) qui est l'essence même de la liberté individuelle, c'est la Vie même de l'absolu qui engendre en son fond la liberté individuelle. Et il y a une grâce efficace qui en aval intervient dans l'exercice de cette liberté individuelle.  

Le mystère persiste. Avec le déterminisme, le mystère était entre l'effort individuel et la réalisation de l'illusion de tout effort individuel, ici avec la grâce et le libre-arbitre, le mystère se déplace : comment est possible une liberté individuelle dont la vie individuelle n'est qu'une dérivation d'une Vie absolue qui est la Vie même ?

A vrai dire le mystère du déterminisme qu'est la totale illusion de l'individualité séparée est l'envers du mystère qu'engendre la position de la liberté et de la grâce à savoir l'existence d'une individualité essentielle.

Quand le déterminisme se lézarde dans sa profondeur spirituelle, il devient du fatalisme : je ne pouvais pas faire autrement dira y compris celui qui pourtant un jour a vu la Vie se réaliser à travers lui. 

Quand la position de la grâce et du libre arbitre perd sa force spirituelle qui vise l'humilité, il y a une affirmation de la seule liberté individuelle: c'est là l'illusion que précisément dénonce le déterminisme. Pire il y a le recours à la foi en la grâce sans plus chercher à en réaliser la Vie divine : c'est le piège de la religion qui perd de vue toute spiritualité et proclame le mystère pour ne pas adorer Cela en vérité. Là encore le déterminisme a la vertu de dénoncer une religion qui proclame des miracles invisibles et qui au fond humilie la raison.

Si notre approche conceptuelle est d'abord au service d'une authenticité spirituelle, il faut peut-être envisager une utilisation de ces deux approches que sont le déterminisme d'une part et la position de la grâce et du libre arbitre de l'autre.

 A suivre et à approfondir en cliquant ici.

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